[Journée nationale] Table ronde « La dynamique partenariale : un élément-clé de la gouvernance et de la mise en oeuvre des programmes sur les territoires »

Posté par convergence 7 octobre 2022

Retour sur une des tables rondes de notre Journée nationale « Le travail, levier contre la grande exclusion : (Re)mobilisons-nous ! » qui s’est tenue le 21 septembre dernier à Lille.

Coline Derrey-Favre, chargée de mission emploi-IAE à la Fédération des Acteurs de la Solidarité et membre du bureau de Convergence France, a animé l’une des cinq tables-rondes thématiques de l’après-midi sur la thématique « La dynamique partenariale : un élément-clé de la gouvernance et de la mise en oeuvre des programmes sur les territoires ». Quatre intervenants ont accepté de témoigner de leur expérience :

  • Amel Belmihoub, Responsable du service emploi et insertion de Nantes Métropole
  • Cathy Thillard, Directrice du pôle insertion socio-professionnelle d’Emergence-s
  • Guillaume Blanc, Coordinateur territorial de Convergence sur la Métropole Européenne de Lille et Premières Heures sur les Hauts-de-France
  • Aude Defasy, Consultante en évaluations des politiques publiques et mesure d’impact social à Pluricité.

A quel moment démarre le collectif d’acteur et comment percevez-vous le rôle du porteur de la coordination ?

Cathy Thillard : La dynamique collective s’est lancée à plusieurs niveaux. Avant de se lancer collectivement dans les programmes, les chantiers ne se connaissent que de nom. Ce sont eux [les chantiers d’insertion] qui portent le collectif ensemble au départ à travers une volonté d’engagement commun. Dans un deuxième temps le recrutement de l’équipe [coordinateur·rice et chargé·es de partenariats] va aussi lancer une dynamique collective : affiner les problématiques à traiter, concertation pour définir les thématiques à venir … L’objectif du collectif est de maintenir une cohérence dans le projet, en communicant au maximum entre les directions et en maintenant un même niveau d’information : en tant que chantier porteur de la coordination, c’est un enjeu majeur selon moi.

Comment percevez-vous le rôle du porteur de la coordination territoriale ? Quelles variations entre les territoires ?

Guillaume Blanc : L’équipe de coordination et des chargé·es de partenariats (CP) répondent à la volonté collective des chantiers d’insertion. Le rôle même du coordinateur est d’accompagner la volonté et non de l’imposer, son objectif est aussi d’assurer une équité d’accompagnement et de traitement entre les structures. A Lille, où nous avons la spécificité de ne pas être portés par un chantier d’insertion [En savoir plus], les CP travaillent tous les jours dans les locaux des chantiers, de façon à mieux comprendre la dynamique collective de chaque chantier et de partager des moments plus informels en apprenant à connaitre les équipes permanentes et les salarié·es en insertion. Cette démarche facilite le lien avec les CIP (chargés d’insertion professionnelle), les ETI (encadrants techniques d’insertion), les directeurs … Le collectif existe au quotidien.

De gauche à droite : Guillaume Blanc, Cathy Thillard, Aude Defasy, Amelle Belmihoub

Comment un acteur institutionnel comme la Métropole de Nantes a-t-il accompagné le projet sur son territoire ?

Amelle Belmihoub : Le projet a mis du temps a s’installer à Nantes, mais ce temps était nécessaire pour réellement penser l’ancrage du projet sur son territoire et les conditions de sa pérennisation. Ce sont des éléments-clés pour moi : pour pouvoir s’adapter, un projet a besoin de s’inscrire dans le temps long, ce qui demande une capacité de financement. C’est pourquoi la Métropole a d’emblée conventionné pour 2 ans avec les structures porteuses, et avec Convergence France comme acteur d’accompagnement à la mise en oeuvre. Ce que nous avons apprécié c’est que le projet nous soit amené par un acteur local [l’ASBL, chantier porteur de la coordination] avec une réelle volonté d’adaptation territoriale et de co-construction.

Quel analyse fait l’évaluation d’impact de ces coordinations à géométrie variable ?

Aude Defasy : Convergence a tout de suite porté le principe d’une adaptation des contours du programme, aux environnements dans lequel il s’installe. S’il existe un socle de principes qui constituent l’ADN du programme et accompagne le déploiement (et que l’on retrouve dans tous les territoires), l’essaimage est aussi un espace d’expérimentation où se testent  des modèles hétérogènes. Cette facilitation de l’appropriation du programme est rendue possible par 1) le rôle d’orchestrateur et de gardien du temple joué par Convergence France, qui est aussi garant d’une dynamique nationale ; 2) des comités partenariaux installés, progressivement pilotés par les territoires, qui permettent d’aboutir à un véritable projet de territoire.

Le programme Convergence est donc un levier de coopération entre chantiers d’insertion. Et au niveau des partenariats avec les autres acteurs du territoire, opérationnels et institutionnels ?

Cathy : A Rouen, on travaillait déjà au cas par cas avec différents partenaires (CPAM, acteurs de la santé, entreprises…). Mais grâce aux ressources dédiées [santé et emploi à Rouen], le projet a permis de passer à une autre échelle et de créer des liens plus structurés.

Guillaume : Jusqu’ici les structures AHI (hébergement) et IAE avaient peu de projets en commun. Aujourd’hui, les structures d’hébergement commencent à s’intéresser à l’insertions professionnelle, Et c’est justement les programmes Premières Heures et Convergence qui contribuent à rapprocher deux mondes et décloisonner l’accompagnement des personnes.

Aude : L’évaluation a en effet souligné le rôle levier de Convergence dans la consolidation de collectifs inter-chantiers au niveau des territoires, tel que décrit par les équipes et partenaires dans les propos précédents. Mais au-delà de ça, ces collectifs ont un poids au niveau local pour une mise à l’agenda des enjeux relatifs à l’accueil des grands exclus, et pour que ces enjeux soient portés par une voie unique dans les échanges avec les institutions. Cette force de plaidoyer est aussi décuplée par le collectif national. Convergence sur les territoires contribue à renforcer la visibilité et à décloisonner le secteur de l’IAE, et participe à une mise en cohérence de l’action publique au niveau local : les instances collectives évoquées et les CP créent des passerelles entre les dispositifs Logement d’Abord et Emploi d’Abord, comme ça peut déjà être observé à Lyon, Strasbourg, Lille… Le travail de maillage de la coordination territoriale contribue à rendre plus poreuses les sphères IAE et de la lutte contre le sans-abrisme.