Lancement de Premières Heures à Emmaüs Hédé – Rencontre de Jean-Philippe Gauthier, éducateur

Posté par convergence 5 novembre 2021

Après la mise en place du programme Premières Heures à Prélude, un second chantier Premières Heures a récemment vu le jour à Rennes, à Emmaüs Hédé. Lancé le 7 octobre dernier, quatre premiers salariés ont débuté leur monté en charge afin d’atteindre progressivement 26 heures de travail par semaine. Embauché en juillet dernier en tant d’éducateur pour mettre en œuvre le Premières Heures à Emmaüs Hédé, Jean-Philippe Gauthier, CIP de formation, nous raconte le lancement du programme.

Jean-Philippe et ses premiers salariés Premières Heures

Avant de parler de Premières Heures, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Au départ, j’ai une expérience en animation socioculturelle. J’étais coordinateur en enfance/jeunesse périscolaire. Puis j’ai fait une formation de conseiller en insertion professionnelle. J’ai effectué mon année de stage à Emmaüs sur le chantier d’insertion à Hédé et j’ai ensuite travaillé pour l’entreprise d’insertion Envie 35 en tant qu’encadrant technique pendant environ 10 mois. Je suis ensuite retourné à Hédé en tant qu’éducateur lorsque ma coordinatrice m’a recontacté à la fin du mois de mai : le chantier avait l’assurance de pouvoir mettre en place programme Premières Heures et on m’a donc proposé le poste.

Comment avez-vous préparé le lancement de Premières Heures ?

Cet été, nous avons travaillé sur la présentation du programme aux futurs orienteurs. Avec la coordinatrice du chantier Prélude, j’ai organisé et participé à deux grandes réunions de présentation. Nous avons aussi mis en place des réunions complémentaires, organisées au cas par cas pour certaines structures.

Durant la même période, j’ai préparé le support d’activité. L’enjeu était d’identifier les activités qui pourraient être adaptées au public Premières Heures sur la salle de vente. Ce travail de préparation de terrain s’est aussi fait en lien avec les bénévoles et les compagnons Emmaüs qui travaillent sur place.

Vous avez donc créé beaucoup de liens avec les orienteurs, et ce avant même d’avoir créé le support d’activités

On est dans un département où l’insertion est hyper importante, c’est politique. Dès la seconde réunion de présentation, une quinzaine de personnes représentant six structures étaient rassemblées. Les petites présentations plus spécifiques ont aussi aidé. Je pense que c’est aussi parce que l’on n’a pas effrayé les orienteurs et que l’on a beaucoup communiqué avec eux. On s’est adapté à leurs contraintes, notamment celles liées à l’accompagnement des salariés sur le terrain.

Et à propos du support d’activité, comment l’avez-vous mis en place ?

L’activité se calque sur l’activité de la salle de vente. Elle est complémentaire du travail des bénévoles. J’avais repéré les secteurs où il y avait un peu moins de monde et où il y avait donc plus de besoins. Ça a par exemple été le cas du secteur des bijoux, dans lequel il n’y avait qu’une bénévole : cela a permis de préparer des grandes ventes, des ventes à thèmes.

Il y a des activités multiples : accueil des dépôts, tri … Un des salariés fait du contrôle de qualité sur les vêtements avant d’être mis en vente. Il y a aussi des missions de manutention, de logistique entre les trois sites (Rennes, Bruz, et au nord de Rennes), et les trajets permettent de favoriser les échanges avec les salariés dans le camion.

En plus d’aller où il y a des besoins, j’en discute avec les salariés. Les activités sont assez variées, on peut donc s’adapter à leurs besoins. Par exemple, ceux qui veulent s’isoler et travailler au calme peuvent travailler dans le secteur du tri, et ceux qui souhaitent aller plus loin peuvent travailler dans le secteur des ventes. On peut vite faire évoluer un salarié sur un même domaine.

Pour le moment, avez-vous fait face à certaines difficultés ?

Il n’y a pas eu de difficultés majeures. Les orienteurs ont bien fait leur travail, dans le sens où leur but a été de trouver des personnes motivées. Jusqu’ici, ça se passe plutôt bien. Les salariés sont contents de venir, ça leur permet d’avoir un but dans la semaine. On a des retours très intéressants. C’est aussi parce que l’on s’adapte beaucoup à eux individuellement et parce que j’avais préparé le terrain vis-à-vis des bénévoles. Ça aide.

Vous disiez que vous pouviez faire vite évoluer un salarié sur le même domaine d’activité. De cette façon, vous avez anticipé les prochaines étapes pour chaque profil et chaque activité ?

C’est ça. Maintenant j’essaye aussi d’entrer en contact avec les chantiers d’insertion du territoire pour que les salariés puissent s’immiscer dans un autre chantier et voir à quel moment ils sont prêts à intégrer un chantier en contrat d’insertion classique.

Et ça se profile comment ? Vous avez des retours ?

Oui, deux retours pour l’instant. Le bouche à oreille à Rennes a bien fonctionné, cela facilite forcément les choses. Le conseil départemental a aussi des chantiers d’insertion, ce sont des passerelles qui sont faisables assez facilement.

Alors que le chantier était en dehors de la métropole, Emmaüs intègre progressivement le réseau de l’insertion sur la métropole rennaise. Cela va permettre de faire connaitre le volet insertion que propose Emmaüs, qui n’est pas forcément toujours connu.

Rennes Métropole soutient la mise en oeuvre de Premières Heures sur son territoire

« Rennes Métropole a choisi de soutenir en 2022 les 2 porteurs Emmaüs Rennes et Prélude. La progressivité des parcours, le travail de dentelle des encadrants techniques et la poursuite de l’accompagnement social des prescripteurs apparaissent comme des clés de réussite pour Premières Heures qui est considéré par les élus de la Métropole et de la Ville de Rennes comme un nouvel outil pour le territoire.

Le soutien s’appuiera sur les fonds mobilisés dans le cadre de la Stratégie Pauvreté et sur une subvention de fonctionnement qui a vocation à être renouvelée au même titre que les aides accordées chaque année aux ACI et aux Associations Intermédiaires du territoire. »